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Témoignages
1. François, professeur d’histoire-géographie, Bordeaux
Je comprends le désarroi des enseignants. Je me souviens n’avoir ressenti aucun problème quand j’ai eu ma première étudiante voilée en cours. Mais la première fois qu’une étudiante a refusé de me serrer la main, là, je n’ai pas su quoi faire. Alors j’ai fait semblant de ne rien voir.
2. Laurent, directeur d’une école élémentaire, Paris :
Beaucoup d’enseignants ne se sentent pas légitimes pour parler du fait religieux face á leurs élèves. D’autres redoutent le retour de la religion à l’école. Or, il ne s’agit pas de croyance mais d’étudier les faits religieux comme des éléments de culture, avec leurs rituels, leurs textes, leurs œuvres d’art…. Dans mon école, nous avons déjà organisé des visites dans une synagogue, une église et une mosquée. Pour cela, il est indispensable de former les enseignants à ce sujet sensible. Ils doivent pouvoir donner des outils de compréhension et des repères forts aux élèves, Si l’école ne le fait pas, les jeunes iront chercher des réponses ailleurs.
3. Sandrine, professeure de français au lycée, Nanterre :
Renforcer l’enseignement des valeurs de la République, c’est bien, mais cela ne suffit pas. La parole de l’enseignant est contredite par d’autres discours ambiants. Comment faire face á certains propos qui placent la religion au-dessus de la démocratie ? Le plus complique est de contrer la toute puissance d’internet et des réseaux sociaux qui véhiculent tout et n’importe quoi. Les élèves ne savent pas trier. Décrypter le web fait partie de ma pratique pédagogique. Après les attentats, je leur ai montré comment on pouvait manipuler une image, une bande son. Tout au long de l’année, j’étudie également des textes qui portent haut les valeurs du vivre ensemble. Mais les enseignants ne feront pas miracles. La société toute entière doit s’emparer du problème.